Listes de trucs parce que ce soir j’ai franchement pas la forme, et ce truc de faire des sous-titres, c’est franchement gonflant, je sais bien que c’est moi qui ai mis ça en place mais quand même vous exagérez.

Tout brinquebalant qu’il soit, mon véhicule automoteur est équipé d’une merveille technologique que l’on nomme communément poste auto-radio et dont la principale qualité est de recevoir des émissions radiophoniques sans que j’aie à payer. Ainsi, pendant les longs trajets, un simple appui sur un bouton permet de balayer l’ensemble des stations en modulation de fréquence et d’arrêter mon choix sur la plus pertinente à l’humeur du moment. Au cours de ces recherches, j’ai souvent l’occasion de m’intéresser à une station de musique de jeunes.

Ainsi, je parviens à garder le contact avec mon auditoire quotidien, en écoutant la nouvelle chanson française. Entendons-nous bien, je ne glose pas ici sur les Delerm et autres Bénabar, icônes parnassiennes des vieillards adolescents (35 ans environ). Non, je parle des vrais jeunes chanteurs qui expectorent vraiment de la vraie musique pour vrais jeunes, le genre à mettre le mot « trop » à toutes les sauces. Et j’ai trouvé, j’ai trouvé une nouvelle science humaine : l’Economie Poétique.

Elle était en branle (je vous en prie) depuis les merveilleuses (qui peuvent être admirées) paroles de la comédie musicale Roméo et Juliette que je vous rappelle en passant :

Aimer, c’est c’qu’y ad’p’us beau

Aimer, c’est voler plus haut

Toucher les ailes des oiseaux

Aimer, c’est c’qu’y ad’p’us beau.

Nul doute que l’immortel barde de Strafford sur l’Avon, du fond de sa tombe, ne verse une larmichette ou une gerbe va savoir.

Certes, cette énumération philosophico-métaphorique eût pu être prolongée par d’autres vers inoubliables du style :

Aimer, c’est pisser dans l’eau…

Ou mieux :

Aimer, c’est faire du vélo,

Aimer, c’est met’ l’grand plateau,

Rattra-per Bernard Hinault,

Aimer, c’est faire du vélo.

Le fait remarquable ne tenant pas dans le message, (y en a pas) il réside dans le fait de convoquer encore et toujours la même rime.

Cette école de la rime unique fait florès comme le prouve le dernier et remarquable opus de la divine (je dis divine parce que sur les photos elle est floue avec des gros nichons et des trucs qui brillent autour) Tina Aréna :

Aimer jusqu’à l’impossible.

Aimer se dire que c’est possible.

Aimer, etc…

Bien sûr il manque quelques rimes : imprévisible, incessible, imputrescible, impassible, inadmissible…et l’on notera le merveilleux oxymore à la rime qui joint deux mots de la même famille, ce qui ferait venir un ulcère à Boileau, mais heureusement il est mort le bougre.

Cet oxymore n’est pas sas rappeler le sublime :

Et l’on s’aimera encore

Lorsque l’amour sera mort.

Du superbe et brushingué poète qui était le frère de Dalida (je dis ça à l’œil).

Résumons : deux chansons, deux rimes, un thème. Cela prouve que la poésie est elle-même touchée par la rentabilité. Pourquoi se faire chier la bite avec pleins de rimes là où une seule suffit ? Et les autres ? Ben elles iront pointer au dictionnaire de rimes, y’a pas de raison. Je vous le dis tout net, foin des bocks et de la limonade (oups, faute de goût), il faut bien venir à un vocabulaire qui parle aux gens comme ils parlent, c’est bien plus efficace, il faut causer comme tout le monde et les rimes qui marchent sont « aimer, amour, cadeau, peur, cœur ». C’est cette réforme de la poésie que nous appelons de nos vœux afin de bouger, parce que je vous le dis, en vérité, si on se met à faire de l’Aragon, on va pas tarder à délocaliser en Corée du Nord.