Les Français à l’étranger, c’est comme l’huile et le vinaigre : ça ne se mélange pas. Rien à faire, on aime rester entre nous et tout critiquer : la nourriture qui n’est pas bonne, le vin qui n’est JAMAIS comme il faudrait, les gens  qui sont trop ceci mais pas suffisamment cela. Bref, au final, on reproche aux gens de ne pas être français, et au pays dans lequel on vit de ne pas être la France.

Il vit malheureusement à Moscou une grosse communauté de Français. Et même si on critique et répète à qui veut l’entendre que  l’on n’est pas venu en Russie pour parler français, on ne peut pas s’empêcher d’aller aux soirées «Français à l’étranger « et autres «soirées de l’ambassade«.

Enfin,  admettons le, une fois passé le désagrément de se voir entouré de tant de monde habillé en  pantalons et chemises Queshua comme papa, on est tous bien content de trouver de trouver du saucisson qui ressemble à du saucisson, et du vin qui a le goût de vin. Bon, alors !

Aussi, quand Nathanael fut invité à la soirée d’un étudiant français, appelons le Gérald – car pour une fois c’est son nom-, notre curiosité nous poussa à y aller, quitte à ne pas rester s’il n’y avait personne. Ce fut exactement le contraire qui se produisit, car du monde, il y en avait, et ça commençait dans la cage d’escalier. Rentrer dans l’appartement fut un vrai challenge.

Après une difficile mission pour aller poser les manteaux dans la chambre sans bousculer tout le monde agglutiné dans les couloirs, direction la cuisine, histoire de ne pas rester les mains vides. Autant en occuper une en lui mettant une canette de bière entre ses petits doigts.

Les Français aiment discuter avec les seules personnes qui ont les mêmes valeurs qu’eux, c’est-à-dire avec d’autres français, et c’est ainsi que je fis la connaissance dans la cuisine d’un groupe d’individus qui allaient devenir mes compagnons de voyage et même de vie. Mais ça je ne le savais pas encore.

J’ai donc fait la connaissance de François et de sa colloc Natalie. François est à Natalie ce que le jour est à la nuit : ils ne font que de se croiser, tout du moins le weekend. Natalie aime les musées et est bien partie pour finir l’intégrale de Dostoïevski, tandis que François préfère la bière et les boites de nuit. J’irai plus tard avec François jusqu’en Chine en train en passant par la Sibérie, et dans les volcans du Kamchatka avec Natalie.

Il y a aussi Hélène et Eléonore, qui sont super copines. Eléonore est stagiaire à l’ambassade, et réussira à squatter chez à peu près tout le monde en six mois de stage, un exploit. Mais elle est toujours de bonne humeur et prépare pleins de choses à manger, donc on est toujours très content de l’avoir chez soi sur son canapé. Ensemble, nous irons jusqu’en Inde et visiterons de nombreuses villes de Russie.

Face à Eléonore, il y a Yann, qui n’est pas son copain mais avec qui elle sort quand elle a bu plus que 2 shots de vodka. Entre eux, c’est donc un peu compliqué. Yann n’est pas le plus bavard du groupe, et c’est dommage, car travaillant dans une boite de déménagement, il a toujours plein d’histoires à raconter sur des cartons de vaisselle en crystal qui tombent du camion de déménagement, ou sur des bibliothèques qui ont pris l’humidité en restant sous la pluie. Avec Yann, nous finirons plus tard collocs, à boire des bières dans le canapé tout en écoutant Raphael.

Et à ma droite il y a mon colloc, qui vient d’arriver, et avec qui je bois déjà des bières dans le canapé. Fan de Web 2.0 et geek de la premiere heure, il est intarrissable sur le sujet et nous le fera savoir pendant des mois, de gré ou de force. Ensemble, nous irons surtout en boite de nuit  à travers tout Moscou, ce qui est une très bonne activité aussi.

La soirée bat son plein, l’alcool coule à flot, les gens sont déchaînés et courent un peu partout. Si bien qu’à trois heures du matin, quand Natalie, tout contente, vient me dire que les stripteasers deguisés en flic viennent d’ariver, je comprends surtout que c’est le début des emmerdes. Finalement, cela se réglera avec une petite amende, solution un peu frustrante pour la milice qui aurait bien aimé contrôler les papiers de tout ce beau monde.

Très vite, la musique retrouve son Beat endiablé, et les gens leurs esprits en se servant de la vodka ; de l’eau vivante, comme disent les russes. Au fil des soirées, les expressions les plus courantes deviendront : Viens boire un shot, et 10 secondes plus tard Raaaaah, c’est vraiment dégueulasse, vite une clope !

Il doit être 4 ou 5 heures, et c’est vraiment n’importe quoi. Les gens s’embrassent ou se courent après. Les bouteilles jonchent le sol un peu partout, et moi j’ai réussi à dégoter LE français qui m’explique comment il a pu commander 9 verres en Russie alors qu’il ne savait compter que jusqu’à 3. Etant visiblement moins ivre que lui, je me fais chier, et je décide donc de m’en aller : demain, je vais à la piscine municipale avec Natalie et François, et je ferais mieux d’aller dormir avant.