Il y a quelques années, c’était en 2003, je me pressais dans les rangs de la séance de minuit du cinéma de ma ville pour assister au Retour du Roi. La salle était remplie de fans de longue date ou nouvellement acquis. Certains déguisés, d’autres ayant pour seul costume leur surexcitation dans l’attente du dernier volet de la trilogie du Seigneur des anneaux. Je me rappelle que j’avais l’impression de participer à un moment historique. Un peu comme ces personnes qui, dans les années 1980, ont campé devant les cinémas pour être les premiers à connaitre la suite des aventures de Luke Skywalker.

A la fin de la séance, je me suis demandée, émue, si un jour j’allais revivre un tel moment. Si une nouvelle saga cinématographique m’emporterait encore avec une telle intensité. Revivrais-je un jour l’anticipation, l’attente et le plaisir d’une série de films aussi impressionnants les uns que les autres ?

Nous voici maintenant en décembre 2012. Une nouvelle trilogie est lancée. Le Hobbit. De retour en terre du Milieu, elle est réalisée par Peter Jackson et écrite en collaboration le duo gagnant Fran Walsh – Philippa Boyens (aussi au scénario du Seigneur des Anneaux). On parle maintenant de 3D et de la nouvelle technique du film 48 fps (HFR – High Frame Rate). Vais-je de nouveau être émerveillée ? C’est donc avec fébrilité que je me suis rendue au cinéma ce jeudi 13 décembre 2012 (première projection du film à Vancouver) : entre arrêts de production et changement de réalisateur (Guillermo Del Toro avait été choisi pour réaliser le film avant de se retirer en 2010), l’attente a été longue depuis la première évocation du Hobbit en 2008.

L’oncle de Frodon, Bilbon Baggins, est connu pour être un aventurier, ce qui est très inhabituel pour un hobbit. C’est du moins comme ça qu’il est présenté dans La Communauté de l’Anneau : ami de route de Gandalf, possesseur de l’anneau unique et de la lame elfique Dard, ces aventures restent néanmoins un mystère. Soixante ans avant le retour officiel de Sauron, Un voyage inattendu nous raconte comment Bilbon a acquis cette réputation sulfureuse parmi les habitants de La Comté.

Disons-le tout de suite, Un Voyage Inattendu n’est pas l’épopée qu’était la précédente trilogie. Si Le Seigneur des Anneaux versait en effet dans l’épique et le tragique Le Hobbit, quant à lui, se lance plutôt dans l’aventure rocambolesque. Autour de la quête de Bilbon et des 13 nains s’articulent une série d’histoires, de péripéties et d’actions : il n’est pas question ici de sauver le monde, mais de récupérer Erebor l’héritage et le trésor des nains du clan de Durin. Il s’agit d’un tout autre film, donc. Et, même s’il est très difficile de ne pas faire de comparaison avec Le Seigneur des Anneaux, il faut relativiser. Une fois cette idée acceptée, on peut se détendre et apprécier le spectacle.

Parce qu’en matière de spectacle, Peter Jackson sait comment s’y prendre. Les impressionnants paysages de la Nouvelle Zélande se confondent avec la Terre du Milieu pour donner naissance à un univers fantastique. La Terre du Milieu reprend vie devant nos yeux et nous offre de nouveaux territoires à explorer.

Loin de la noirceur de la quête de l’anneau unique, le côté enfantin et comique du livre de Tolkien (qu’il avait écrit pour ses enfants) est relativement conservé. Tout en prenant des libertés par rapport au récit, le réalisateur respecte le travail de l’écrivain. Il prend le temps de raconter l’histoire originale en exploitant chaque détail et non-dits. C’est un travail de passionné et de connaisseur.

L’utilisation du HFR donne un résultat assez étonnant. Passé un premier moment d’adaptation au nouveau rythme, on remarque une nouvelle fluidité des mouvements et des chorégraphies. Quant à la 3D, il n’est pas question d’horribles superpositions d’images, comme une carte « pop-up », mais d’une véritable profondeur de champs qui nous permet une immersion dans les scènes. La qualité des effets spéciaux se reflète dans les détails de chaque image et, encore plus, dans les personnages numériques. Gollum est plus vrai que nature. On reconnait même Andy Serkis dans certaines expressions.

Le Hobbit est un très bon divertissement, à voir absolument au cinéma pour la qualité des images et du son. Et, pour répondre à ma question de début d’article : oui, je suis très contente d’être revenue en Terre du Milieu et ai hâte de découvrir la suite des aventures de Bilbon. En attendant le prochain film, prévu pour fin 2013, n’hésitez pas à (re)lire l’ouvrage de Tolkien.