Après deux jours passés a l’hôtel et autant de repas pris au restaurant (Lucky me), je me mis en tête de trouver un appartement pour moi et mon futur colloc, Nathanael. Cela tombe bien, puisque la ville est remplie d’agences immobilières spécialisées dans l’aide au pigeon expatrié fraichement débarqué.

Ainsi, quelques heures après mon coup de fil a l’agence, un chauffeur passa nous prendre en bas de l’hôtel. De la voiture sortit une élégante jeune femme d’une trentaine d’années, appelons la Tatyana, qui nous accueillit dans un français impeccable. La porte du conducteur s’ouvrit, et en sortit un ours. Il parut surpris quand je lui demandais comment ça allait depuis deux jours, et j’en conclus que ce n’était pas le même que la première fois à mon arrivée.

– Messieurs, voici vos plaquettes, nous visiterons aujourd’hui 5 appartements, puis 5 autres demain matin, nous dit’ elle alors que prenions place a l’arrière de ce confortable véhicule. Et effectivement, ils avaient la classe, ses appartements ; bien placés, meublés, parfois même internet, la visite semblait bien partie. Sur les 2 premiers mètres seulement, puisqu’après, la voiture s’immobilisa.

– Les bouchons à Moscou, nous dit’ elle, c’est une catastrophe, on peut rester bloqués comme ça pendant des heures.  Au moins, on aura le temps de faire connaissance. Ca, on eu le temps de faire le tour, et c’est finalement à pied que nous nous dirigeâmes vers notre première visite.

–C’est ici, nous dit Tatyana ! Façade grise au milieu, noirâtre en général, je ne pus m’empêcher de réprimer une grimace.

– Tatyana, je sais que c’est le premier, et je ne veux pas que vous vous disiez que les français critiquent tout le temps, mais ça a l’air pourri, votre truc.

– Mais c’est normal, tous les appartements à Moscou sont comme ça, ce sera différent à l’intérieur, vous verrez. Venez avec moi, l’entrée se fait dans la cour. Tiens, voila le digicode.

Un aboiement se fit soudainement entendre.

– C’est bon, le propriétaire est chez lui, nous dit Tatyana.

– Oui, on a de la chance …

Un hall d’escalier gris, des prospectus jonchant le sol ainsi que des mégots, et surtout une odeur épouvantable dans toute la cage d’escalier. Vite, l’ascenseur. Bon, je me suis peut être un peu précipité, l’odeur est aussi dans l’ascenseur, ce qui finalement parait tout à fait cohérent avec l’ensemble.

La porte s’ouvre, et là une dame d’une cinquantaine d’années nous accueille, toute souriante, son trousseau de clés a la main.

– Dobrii pajalovat, gospoda (bonjour, messieurs)

– Euh, dobijavat à vous aussi.

-Rentrez, messieurs, nous dit Taytana d’un air pressant, et ne prenez pas la peine d’enlever vos chaussures pleines de neige, elle passera un coup de serpillière après votre passage.

Et la, surprise. J’ai beau relire la description de la plaquette, je n’arrive pas à identifier d’où le « charmant« trois pièces peut bien venir. S’en suivant une série de questions / réponses :

– Pourquoi au lieu du lit deux places vu sur les photos, il y a t’il cette merde ce canapé lit en velours ?

– J’ai du le prêter à mon fils. Mais ne vous inquiétez pas, ce canapé sera bien mieux pour vous. Il est super confortable, j’y ai dormi pendant des années !

– Il n’a y a pas étagères ?

– Pas de problèmes, j’en rajouterai moi-même. Un peu plus tard.

– C’est normal, tous ces trous dans les murs de la salle de bain ?

– Ne vous inquiétez pas, je m’apprêtais justement à faire quelques travaux.

– Donc vous comptez également enlever la moquette sur les murs ?

– Non, ca c’est pour la décoration. C’est mignon, non ?

– Disons que ça change de chez moi.

– Au fait, ca m’arrangerait, si vous pouviez payer 6 mois d’avance … vous comprenez, je dois payer le crédit de l’appartement…

– On vous tient au courant

En sortant de la, Tatyana nous regardait  avec l’air du chiot qui vient de pisser sur le nouveau tapis du salon.

– On en verra d’autres demain, je m’excuse, je ne m’attendais pas à ça.

– Nous non plus, on ne s’y attendait pas. A demain, Tatyana.

Et le lendemain, un miracle se produisit: un appartement propre, des murs blancs, des meubles SANS les bibelots de mamie, l’affaire était dans le sac. Le soir même, comme tous les soirs depuis notre arrivée,  mon colloque et moi étions bourrés. Chez nous.