Ce jeudi soir, le site de Tour et Taxis à Bruxelles s’est de nouveau rempli d’une foule assoiffée de fantastique, d’horreur, de science-fiction ou tout simplement d’une programmation qui sort des cadres classiques du cinéma. Le Brussels International Fantastic Film Festival (BIFFF) est de retour et prêt à fêter dignement ses trente ans !

Le festival a commencé en force et beauté avec des invités d’exception (Terry Gilliam et Barbara Steele), un message d’anniversaire surprise de John Carpenter, un court-métrage de Gilliam (The Wholly Family) et le film The Raven.

C’est avec l’élégante Barbara Steele que la cérémonie d’ouverture a débuté. La scream queen, icône du cinéma fantastique européen des années 1960, s’est prêtée avec grâce au symbolique coupé de ruban d’inauguration.

Une standing ovation accueille ensuite Terry Gilliam, qui, à genou devant le public, reçoit le titre de chevalier de l’ordre du corbeau (Barbara Steele et William Friedkin seront sacrés dans les prochains jours). Gilliam est également venu présenter son court-métrage tourné à Naples The Wholly Family. Quand on lui demande de parler de la genèse du film, Gilliam raconte amusé que quand quelqu’un vous offre un tas de pâtes pour faire un film en Italie, on ne refuse pas (Garofalo, une compagnie italienne spécialisée dans la production de pâtes, s’est en effet lancée il y a quelques années dans le financement de films tournés en Italie). Mettant en scène un enfant capricieux transporté en plein cauchemar teinté de traditions napolitaines, le film a été récompensé du prix du meilleur court métrage européen 2011 (par l’European Film Academy).

Puis, c’est la surprise. Le nom de John Carpenter est prononcé. Nos yeux se tournent alors vers l’écran et Big John apparaît pour souhaiter un « happy birthday » au festival ! On se demande si d’autres célébrités présenteront leurs vœux filmés les prochains jours ?

Finalement, The Raven est projeté. Réalisé par James McTeigue (V For Vendetta), le film nous conduit à Baltimore au XIXe siècle, à la suite du détective Fields (Luke Evans) qui doit faire face à un meurtrier reproduisant les horribles crimes décrits par Edgar Allan Poe dans ses romans. Simple observateur au début de l’histoire, l’écrivain (interprété par John Cusack) va ensuite être impliqué personnellement dans l’enquête quand le meurtrier enlève sa fiancée.

Inspiré du célèbre poème du même nom, The Raven tente de nous plonger dans une atmosphère mystérieuse aux côtés d’un mélancolique et alcoolique Poe. Dans ce climat, l’intrigue se développe de manière classique, d’indice en indice sanglant, ne laissant pas beaucoup de place à la surprise. Certains personnages sont très simples (le détective et la fiancée de Poe, Emily, n’apportent pas beaucoup de relief à l’histoire) et mènent certaines scènes vers des clichés sans saveur.

Si l’ambiance du film tend vers la noirceur, il semble ne pas l’assumer pleinement en restant dans les rails d’un film grand public, avec quelques éléments très sanglants tout de même. L’œuvre manque du coté sombre des récits de Poe.

Même si The Raven n’est pas passionnant, il reste néanmoins un thriller en costume d’époque plaisant à regarder, avec un intéressant Cusack (toujours la bouche ouverte) dans le rôle de Poe.

En dehors de la salle obscure, pendant que les bifffeurs se régalaient de bières et de whisky, l’animation était assurée par des personnages inquiétants rodant dans la foule, des invités baroques conviés à un dîner cannibale et une poupée humaine guidée par son marionnettiste (ou était-ce le contraire… ?).

N’oubliez pas également d’aller voir la superbe exposition (j’insiste) « Nice to be dead » de Jean-Marc Laroche, mettant en scène (entre autres) des squelettes dans des situations très… vivantes.