Lorsque vous naviguez sur Internet à la recherche d’un produit, très vite vous voyez des publicités se rapportant à votre recherche.

Si par exemple vous consultez un site concernant les matelas vous aurez bientôt tout un tas de spots ventant les meilleurs matelas à des prix défiant toute concurrence.

C’est à cette concurrence déployée par les mastodontes du numérique que les chaînes de télévision veulent s’attaquer en développant la publicité segmentée ou ciblée.

Qu’entend-t-on par publicité segmentée ?

Le but de la publicité segmentée est d’adapter le spot publicitaire au téléspectateur en rapport avec ses intérêts, son âge, son sexe, etc. Au même moment chaque spectateur verrait une pub adaptée spécifiquement à ses goûts et à ses centres d’intérêts.

Comment cela est possible ?

Grâce aux nouvelles technologies de récolte de données il est possible de développer la publicité segmentée sur les chaînes de télévision. La plupart des gens utilisent une box pour regarder la TV, c’est donc en utilisant le même principe de l’historique de navigation sur Internet que les spots ciblés pourraient faire leur apparition en puisant les données collectées dans la box.

Ainsi lors d’une coupure publicitaire sur BFM TV, un abonné à Canal+ Sport pourrait voir un spot pour le site de paris sportifs NetBet tandis qu’un fan de « N’oubliez pas les paroles » sur France 2 verrait au même moment une pub pour le dernier album de Johnny Hallyday.

Quelles sont les opportunités pour les chaînes de télévision ?

Selon le ministère de la Culture, l’avènement de la publicité segmentée pourrait être très bénéfique aux chaînes de télévision qui sont rudement en retard par rapport aux géants d’Internet (Google, Apple, Facebook, Amazon, les fameux GAFA).

Effectivement, en matière publicitaire, les chaînes de la TNT sont bien loin de ce qui se fait sur les supports numériques.

La publicité segmentée aurait pour effet immédiat non seulement de combler le retard accumulé et de faire jeu égal avec le web mais surtout de récupérer les annonceurs qui se sont détournés du petit écran pour investir massivement dans la pub sur la toile.

Grâce aux spots ciblés, certains économistes projettent un gain pour les chaînes de télévision allant de 85 à 135 millions d’euros à l’horizon 2022.

Y-a-t-il des dangers éventuels ?

Le principal danger, du point de vue du spectateur, c’est la protection des données personnelles et le respect de la vie privée. En effet comment savoir où iront les données ainsi collectées ?

D’après le gouvernement, un mécanisme sera mis en place afin que la diffusion de publicités ciblées ne puisse se faire sans l’adhésion explicite du téléspectateur. Il est possible qu’il faille par exemple remplir un formulaire pour donner son accord afin que les informations de la box soient transmises par l’opérateur aux annonceurs.

Les grands perdants dans cette évolution pourraient être les acteurs de la presse écrite. Il est à craindre, comme l’a déjà fait savoir l’Alliance Internationale de Journalistes (AIJ), opposée au projet, que la manne financière des annonceurs se dirige exclusivement sur la TV et le web au détriment de l’écrit.

D’après l’AIJ les gains engrangés seraient bien plus élevés que l’estimation de 135 millions d’euros avancée.

La guerre publicitaire entre la télévision et la presse écrite est donc ouverte, avec un net avantage pour le petit écran.