Un jour, quelqu’un a eu l’idée d’aller à Kazan. J’ai trouvé le nom rigolo ET je n’avais rien à foutre donc j’ai décidé d’y aller.

-On y va en train, me dit Hélène, on part le soir, et on arrive le lendemain matin frais et dispos. C’est chanmé !

Et effectivement, ça devait être une idée chanmée, car tout le monde a décidé de venir : Nathanael, Seb, Roland le nouveau VIE qui rigole bizarrement, Tom, Wil et son collègue, Natasha, François et sa copine Nastia.

A une soirée chez Nathanael, ils s’étaient enfermés dans les toilettes. C’était marrant parce qu’on était dans le salon juste à côté, donc tout le monde se marrait. Ils sont sortis, ont vu qu’ils étaient grillés, et ont été se rasseoir. François, un petit sourire un coin, a quand même été se chercher une bière.

Depuis, François est un héros, et sa nana bon esprit du côté des mecs, un beau connard et  une p*&^* du côté des filles. Moi je pense que ça fait quand même un bon truc à rayer sur sa TO DO list.

A l’aller dans les wagons, ça a fait un sacré bordel pour s’installer. Personne ne trouvait son wagon et gueulait partout. Du coup, la responsable wagon est arrivée, a gueulé encore plus fort et tout le monde s’est calmé et a trouvé sa place.

Tom, il était super content parce qu’il se retrouvait avec deux filles russes, mais Hélène était avec les garçons (3 mecs russes) et du coup elle a flippé et Tom s’est retrouvé avec trois gros lourds et une grosse déception.

Quand tout le monde a été installé, on s’est mis dans le même compartiment, et on a commencé à discuter, tout en regardant Nastia du coin de l’œil, parce qu’elle était quand même bonne

Là, la responsable de wagon est arrivée. Elle a ouvert la porte, elle avait des bières pleins les bras. Vous voulez pas des bières, elle a demandé ? Nous on a dit que non, et on s’est fait engueuler parce qu’on ne buvait pas. Du coup on a pris ses bières.

On faisait pas mal de boucan et on a décidé d’aller au wagon restau, voir ce qui se passait. Mais à ce moment, Seb a crié : Que de la gueule ! Et nous a donné à tous un masque d’animal (wtf)  à se mettre sur la tête pour aller jusque là-bas.

Le problème, c’est qu’en traversant les wagons, on voyait bien que les gens ne comprenaient pas, et nous d’ailleurs on ne comprenait pas non plus. Arrivés dans le wagon, on a quand même pu s’installer et boire normalement. Ensuite, on a été se coucher pour pas arriver trop éclatés à Kazan.

En pleine nuit, une pute nous a réveillé en ouvrant la porte, et dit un truc en russe. Roland, qui n’aime pas être dérangé la nuit, l’a refermée immédiatement et on s’est rendormis. Ca a recommencé une heure après. Là on s’est fait carrément engueuler, impossible de se rendormir.

En fait le train était arrivé à destination, et tout le monde était sorti. La porte, elle l’avait ouverte pour qu’on se prépare. Deux minutes plus tard, donc, on était sur le quai avec nos valises, pas très frais. François s’est aperçu qu’il avait oublié la valise de Nastia, et il est reparti. Elle était pas très contente.

Pas question de se laisser aller, direction l’hôtel. Deux taxis à deux euros plus tard, on y est, plein centre ville. Et l’hôtel, il est pas mal, c’est le moins qu’on puisse dire. Tout le monde s’installe, douche, et petit dej !

Les petits dej russes, ils sont franchement dégueulasses. Saucisson, pain, porridge … Pourquoi ne pas manger du gras directement ? Ah pardon, ça existe ET c’est un plat qu’ils adorent. Un délice, surtout au porc.

Une fois fini, direction le kremlin. François marche devant avec Nastia, qui commence déjà à s’énerver. Le problème : être entourée de  français qui ne font que parler français, et ne lui adresse pas la parole.

Moi j ai une excuse, j’apprends le russe depuis un an et demi et je ne comprends toujours rien. En plus je sèche généralement après leur avoir posé une question ou deux, les réponses étant de l’ordre du : oui, non, ça va. Le potentiel d’ennui avec ces filles est énorme …

Le Kremlin, il est plutôt chouette. La mosquée n’est pas mal non plus. Je prends des photos, pendant que Wil nous raconte sa vie sur les chantiers :

–      On travaille toutes la journée avec des ouzbeks. Ils sont un peu comme des lemmings. Si tu leur dit pas de pousser, ils poussent pas. Si tu leur dit pas de s’arrêter, ils tombent dans le trou.

–      Ils sont sympas ?

–       Oui, on fait des shashliks parfois. Ils sont sympas. Mais le chef de camp, il se méfie. Alors il cache sa femme dans une maison préfabriqueée. Il a toujours un peu peur, tu comprends.

–      Il a peut être raison de se méfier. Ca doit pas être évident, pour eux, de vivre dans leurs baraques.

–      Oui parfois c’est chaud, ils veulent pas bosser. Donc je leur dis : Si vous faites pas ça, j’appelle la police. Ils ont pas leurs papiers, alors en général ça marche

–      …

Retour au bercaille. Tout le monde est crevé, et on décide de se retrouver en bas, au bar, après un petit break. Quand je descends, Nathanael et Seb sont déjà en train de s’engueuler autour du billard, il y en a qui ne s’arrêtent jamais.

Roland, lui, un whisky  à la main, écrit des poèmes. Je me demande ce que c’est que ce beauf et je vais me chercher une bière. Une heure passe, tout le monde arrive. Sauf François et sa copine. Aux dernières nouvelles  elle sature et peut se jeter sur toute personne parlant français 50 mètres à la ronde. Du coup, on se dit qu’on va aller dîner sans eux.

Le truc, c’est que tout le monde a froid. Alors dès qu’on voit une crêperie au lointain, on saute sur l’occasion. Et quand ils nous disent qu’ils ont de la place pour 10 personnes, on crie au génie.

On s’installe en faisant un bruit d’éléphants, et tout le monde nous regarde. Rapidement ils comprennent qu’on est français et le DJ lance la marseillaise. C’est là que les ennuis commencent. Toutes les tables d’à côté nous regardent, et et se mettent a nous parler. Au début, c’est sympa, les questions tiennent à peu près la route : D’où venez vous ? Pourquoi ne vous enfuyiez vous pas en courant ? Vous parlez russe ? (ma préférée, surtout quand on leur parle en russe depuis 5 minutes à la personne)

Mais ensuite arrive un mec. La trentaine, les cheveux courts avec une toile d’araignée faite à la tondeuse (la classe) et surtout très bourré. Lui il s’en fout de savoir d’où on vient, de  Charles Aznavour, de Joe Dassin, et commande une bouteille de vodka qu’il pose sur la table.

Le mec, on n’a pas trop envie de le contrarier. Sa femme – si si, il en a une – est juste à côté. Elle nous regarde d’un air désespéré, et nous d’un air 1. Compatissant 2.un peu angoissé.

C’est l’heure du premier shot. Notre nouvel ami, ne veut rien entendre. Même les filles doivent boire. 1,2,3 on y va. Cul sec. L’homme araignée vide son verre d’un trait. On arrive à suivre. Hélène arrive à boire la moitié, ça coince chez Natasha qui fait cet air que tout le monde fait avant de vomir, puis elle se ressaisit.

Le temps de baisser les yeux, nos verres sont déjà pleins. L’homme araignée est démoniaque ! Et ça repart de plus belle. Mais rapidement, on voit une faille chez lui. Il est complètement bourré. On se regarde et on se dit qu’on va se le faire. Maintenant c’est Tom et Roland qui relancent. Tous les moyens sont bons : se verser de l’eau, boire et recracher discretos, tout y passe.

Et ça marche. Au bout de quelques shots, le boss de fin de niveau abdique et va vomir. Euphorie chez les français : on l’a eu ! On n’est pas peu fiers. Sauf que … il revient ! C’est un film d’horreur. Et cette fois-ci, il parle ! Et il crie  un truc du genre : je vous emmène tous aux putes !

Ca fait marrer les mecs, Will se tâte avant de se raviser, et les filles regardent sa femme avec un regard 1. Étonné 2. Compatissant 3.Désolé  4. Un peu bouré. Bref, on clos l’addition et se barre un peu en courant. L’homme araignée ne veut pas nous laisser partir, mais sa femme le tient par le bras quelques secondes. Là, miracle, un mec le bouscule et ça finit en baston.

Dehors, on reprend nos esprits. On se dit qu’on irait bien en boite. Ce qu’on fait. Et là, je me dois d’être honnête. Je suis sur que la soirée était dingue. Et visiblement, on me la racontée, et elle l’était. Mais je ne m’en rappelle pas. Notre lutte contre l’homme araignée avait laissée des traces. Trop de traces…

Le lendemain, la journée a été beaucoup plus dure. Personne n’en avait plus rien à foutre de visiter Kazan, et préférait rester à l’hôtel pour se concentrer sur son mal de crâne. Dehors, le temps était déprimant, tout donnait envie de mourir, surtout les jeux d’enfants. Du coup Nastia, en voyant nos têtes déconfites, retrouva le sourire.

Le retour en couchettes fut très calme. Seb proposa à nouveau ses masques et on l’envoya tous se faire foutre. 7h du matin. Arrivée à Moscou. Deux heures après, on était tous présents au travail. Physiquement tout du moins.